GUY DUPRE

Guy Dupré entre dans la carrière littéraire en 1953 par un coup de clairon soufflé sur le mode mineur, salué par André Breton et Julien Green. Il a vingt-cinq ans. Avec une audace sans pareille, à l’âge de Sartre, de Camus, de Malraux, Les Fiancées sont froides tourne résolument le dos à ce qui deviendra le nouveau roman, louvoie du côté des Filles du feu et d’Aurélia : roman initiatique où le lecteur fasciné suit les tribulations d’un soldat perdu sur le front de l’Est, dans une guerre à la date incertaine. Là,  au pays de Dracula, un jeune homme ne croise que des sœurs, des fiancées, des veuves et des mères en deuil ; Le Grand Coucher n’arrive qu’en 1981  : magnifique méditation sur le service inutile, le deuil national et la filiation interrompue ; les Mamantes enfin, paru chez Grasset en 1986, antithèse absolue de Lolita, reprend ce thème sur un mode plus intime puisque qu’une jeune vivante et son fils en gésine se voient préférer une vieille maîtresse morte. En trois romans, ce singulier aède a imposé sa marque : il demeurera le lettré qui, au chevet d’un pays défunt, en dessine pour jamais l’agonie et la cartographie. Guy Dupré revient sur la scène éditoriale avec des Mémoires où, dans une langue flamboyante, précise et mallarméenne, unique, un presque vieil homme redevient le jeune hussard entré en littérature, c’est-à-dire en rêverie, rendant grâces aux figures qui ont hanté sa vie : Les Manœuvres d’automne, Comme un adieu dans une langue oubliée.  Vient ensuite un florilège de ses critiques à La Table Ronde, La Parisienne, Arts, CombatMatch Matulu, Le Figaro, La Quinzaine littéraire, Carrefour entre 1952 et 1995 : Dis-moi qui tu hantes.
(Présentation de Sarah Vajda)


Intervention dans TsimTsoûm :

Entretien, propos recueillis par Sarah Vajda [TsTs # 1]